Sous-jouer avec un petit tapis

Conseils de pro: Phil Hellmuth

Sous-jouer avec un petit tapis

Lors d’un tournoi de poker, rien n’est jamais joué d’avance même si vous possédez le plus petit tapis et que le cheap leader est loin, très loin devant vous. Sans doute vous êtes-vous déjà retrouvé dans cette position très pénible moralement. Aussi cet article redonnera-t-il un second souffle à votre tapis lors de vos prochaines sessions short stacks (tapis avec peu de jetons). Il s’agit d’une stratégie de poker appliquée par un joueur de légende, Phil Hellmuth. En voici le résumé…

Déroulement de la partie. Lors d’un grand tournoi de poker, Phil se retrouve en possession de seulement 6 400 jetons. Nous sommes au jour 2, les blindes sont alors de 300/600 et l’ante s’élève à 75 par personnes… Tombent deux cartes KQ (de cœur), et Phil est en position de début de parole (UTG). Une opportunité délicate mais à ce niveau et dans ce contexte il n’a pas le choix, Phil doit jouer ses cartes. Plusieurs options s’offrent alors à lui: faire tapis (6 400 jetons), relancer (1800 jetons) ou suivre (600 jetons)…

Faire Tapis (All In). Impossible donc pour Hellmuth de se coucher. La première action envisageable pour le commun des joueurs serait d’envoyer à tapis pour que tous les adversaires autour de la table se couchent. A coup sûr, vous remportez le pot mais votre tapis n’augmente que de 1575 jetons. Reste que vous avez encore l’avantage si un joueur suit avec paire de 10 par exemple. Cependant si un joueur mise avec AK, vous aurez clairement du souci à vous faire.

Relancer de trois fois la BB. En choisissant de relancer de manière classique à hauteur de trois fois la big blind, soit 1 800 jetons, vous prenez le risque de vous faire sur-relancer. Certes vous vous couchez et dès lors vous sauvez vos 4 600 derniers jetons mais à ce rythme, vous perdrez bientôt tout votre tapis et vous ferez éliminer du jeu. Dans le cas présent lorsque vous ne pouvez ni vous coucher, ni relancer, il vous reste une option, « call ».

Suivre (Limp In). Suivre de 600 jetons… Voilà ce qu’a choisi de faire Phil Hellmuth durant ce tournoi. Il s’autorise cette souplesse afin de piéger ses adversaires au préflop et au flop, tout en sauvant ses jetons en cas de main plus forte que la sienne. Pour utiliser cette stratégie, il est indispensable de savoir lire le jeu de ses adversaires. Être prêt à faire tapis avant le flop si un joueur vous relance avec une main plus faible. Ou au contraire se coucher si vous flairez un joueur avec une main plus forte.

Nul doute que savoir lire le jeu de vos adversaires est une condition préalable à ce genre de stratégie du niveau expert. Car même après le flop, il vous faut être capable de jouer correctement votre main. Dans ce cas précis, Phil Hellmuth a décidé de sous-jouer son KQ(h), car le board comme la chance ce jour là, lui ont sourit. Phil Hellmuth floppe une couleur.

Sous-jouer au flop. Le joueur de légende décide de faire parole au lieu de relancer pour faire croire qu’il n’a rien dans son jeu. Les autres joueurs tombent dans le piège, ils checkent également avant de miser 2 000 jetons au turn. Phil se délecte et relance à 5 000. Tous les joueurs se couchent et c’est ainsi que Phil Hellmuth remporta ses 6 475 jetons au lieu de 1 575 s’il avait fait tapis au préflop…

Sous-jouer avec un petit tapis à la manière d’un Phil Hellmuth, est une stratégie bien ficelée mais à manier avec considération. Car vous l’aurez compris dans ce contexte c’est l’expérience du joueur qui aura été déterminante pour remporter le coup en beauté. Savoir lire le jeu de vos adversaires est une capacité intuitive que vous développerez à force de pratiquer le poker et pas autrement. Afin de compléter cette stratégie, consultez l’article « Lire  son Adversaire » au Poker.